A La Recherche d'Inspiration
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A La Recherche d'Inspiration
Un Pullman Draft est une idée. Une provocation. Une étincelle pour initier la conversation et une invitation à penser autrement. Bienvenue dans Pullman Drafts, une série de réflexions personnelles en partenariat avec House of Beautiful Business, mettant en lumière des voix audacieuses issues du monde des affaires, de la culture, des médias et de la technologie.
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Dans ce Draft, l’auteuret stratège Tim Leberecht partage une rencontre avec l’auteur à succès et coachMichael Bungay Stanier, explorant comment la friction, le risque et la tensioncréative peuvent faire jaillir de nouvelles idées. Plongez dans leurs réflexionset insufflez plus de créativité dans votre vie.
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Il y a les longues journées. Et puis il y a ces journées si interminables et épuisantes que votre cerveau ressemble à un bagage cabine surchargé bringuebalant en classe éco pendant un vol transpacifique turbulent. C’est dans cet état mental que je me suis retrouvé après treize heures de conférences TED à Vancouver en 2019.
Je m’étais rendu à Vancouver à la recherche de nouvelles voix et de perspectives peu conventionnelles. Mon organisation, la House of Beautiful Business, en était à ses débuts, et je cherchais des intervenants pour notre prochain festival sur l’économie centrée sur la vie — une approche des affaires axée sur la durabilité, l’inclusivité et la créativité. TED promettait d’être un paradis de curateurs, l’endroit idéal pour rencontrer les penseurs de demain. Mais à la fin de la conférence, j’étais incapable d’avoir une conversation cohérente avec qui que ce soit. Cela n’avait rien à voir avec les intervenants, tous excellents. C’était simplement le reflet d’un esprit surstimulé en train de s’éteindre, après une journée à digérer des montagnes d’informations, privé de lumière naturelle.
Dans cette brume mentale, je me suis dirigé vers le hall et me suis retrouvé à côté d’un inconnu aussi vidé que moi. Grand comme un joueur de basket, portant de grosses lunettes et une chemise hawaïenne voyante, il détonnait dans la foule. Je suis sorti prendre l’air, et je l’ai retrouvé là : nous avions fini par nous asseoir aux extrémités opposées du même banc, face aux spectaculaires montagnes de la côte nord de la ville. Nous n’avons rien dit pendant un long moment. Et lorsque nous avons enfin parlé, ce n’était ni pour nous présenter, ni pour échanger nos titres professionnels, mais pour commenter la lumière, le ciel, les ombres qui disparaissaient avec le crépuscule. Nous avons ressenti une profonde quiétude, une connexion avec notre environnement. Je me suis rendu compte que je me sentais plus inspiré que tout au long de la journée.
Michael Bungay Stanier et moi sommes vite devenus amis. Michael était déjà un coach exécutif reconnu, dont le best-seller The Coaching Habit avait apporté sa méthode de leadership fondée sur la curiosité à des lecteurs du monde entier. Nous avons tous les deux souri de l’ironie de la situation : une journée d’“inspiration” soigneusement programmée surpassée par un peu d’air frais et une vue sur la montagne. Pour moi, c’était presque une révélation. Pour Michael, cette ironie n’avait rien de surprenant. Il connaissait déjà les bizarreries de l’inspiration.
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Une histoire de whisky noir
Au milieu des années 1990, bien avant que les conférences TED ne soient à la mode, Michael faisait partie d’une équipe de consultants qui aidait à faire émerger des produits et services innovants. Ils ont été engagés par une marque de whisky écossais — un client, pourrait-on dire, qui vendait le bon produit au mauvais moment. Les années 90 étaient l’ère de la limonade alcoolisée et des vodkas aromatisées ;ni le scotch, ni les distilleries écossaises aux noms imprononçables n’étaient vraiment “tendance”. Pour vendre du scotch, il fallait donc casser l’image de boisson de grand-père pour séduire les consommateurs modernes.
Michael savait qu’ilsavaient besoin d’une idée brillante. Elle vint sous la forme du « whisky noir »,le premier scotch au monde de couleur charbon. L’espoir était que sa teinteinhabituelle et ses ingrédients mystérieux séduisent une nouvelle génération debuveurs. Le client fut séduit par l’audace et l’originalité du concept, et en1996, le Loch Dhu (« lac noir » en gaélique) arriva sur les étagères.
Si vous êtes amateur de whisky, vous devinez peut-être la suite. Sinon, disons simplement que le scotch ne connut pas le succès escompté. Moqué par les clients et critiqué par les connaisseurs, sa production fut rapidement arrêtée et les bouteilles disparurent du marché. Cela signifiait-il que l’inspiration avait été mal placée ? Michael ne le pensait pas. Pour lui, cette expérience révélait une vérité profonde sur la nature de l’inspiration : pour s’ouvrir à elle, il faut accepter le risque de se tromper lourdement.
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Faire taire son critique intérieur
Si l’on a l’impression que l’inspiration nous échappe, la science va dans ce sens. L’imagerie médicale a montré que notre cerveau contient un potentiel latent d’inspiration, qui ne demande qu’à être activé. Cela peut être une mélodie, un paysage, trois minutes de dialogue bouleversant dans une série Netflix, ou la lumière qui joue sur le balcon de la cuisine. On ne peut pas prévoir quand ou pourquoi elle apparaîtra. Tout ce que nous pouvons faire, c’est rester ouverts à l’impulsion, et l’accueillir sans jugement lorsqu’elle se présente.
Mais il existe des moyens d’augmenter les chances qu’elle vienne. Michael est un grand marcheur ; se promener dans la nature crée chez lui un état de calme propice à la créativité. Pour ma part, je préfère les films ou les musées quand j’ai besoin de me régénérer. Je ne suis jamais sorti d’une galerie sans une nouvelle légèreté au cœur, l’ébauche d’une idée inconnue. Mon partenaire lit de manière compulsive ; une phrase magnifiquement formulée exprimant un sentiment qu’elle connaît sans jamais avoir pu le mettre en mots peut déclencher une réaction en chaîne créative.
Votre mode d’inspiration peut être totalement différent. Certains sont les plus créatifs quand leur esprit est actif et concentré ; d’autres ont besoin d’une activité “leurre” pour faire jaillir les idées. L’exemple classique : les épiphanies sous la douche. D’autres encore ont besoin de contraste. Le choc d’un nouvel environnement peut provoquer une collision créative entre habitude et nouveauté, rendant l’ordinaire soudain vibrant et transformé. En réalité, les collisions créatives sont souvent au cœur de l’inspiration. Quand on cesse de cloisonner nos vies et qu’on abat les murs entre travail, loisirs, famille, culture, voyages, on crée de nouveaux espaces. Ces espaces permettent aux différentes facettes de notre personnalité d’interagir, déclenchant une alchimie mystérieuse de pensées, d’émotions et d’idées. Cette alchimie nourrit le terrain de l’inspiration.
Michael a une règle d’or pour s’ouvrir à l’inspiration : faire taire son critique intérieur. Rien ne sabote aussi radicalement la créativité qu’un jugement prématuré. Il voit l’inspiration comme un dialogue codé entre notre esprit conscient et notre inconscient.« Je vois un portail s’ouvrir, le début d’une conversation riche », me dit-il.« Le pire, c’est de l’interrompre. L’inspiration n’est pas une résolution de problème. Il ne faut pas commencer à juger ou à jouer l’avocat du diable. Il faut garder le canal ouvert. Il y a quelque chose de sacré dans l’inspiration qui demande patience et respect. »
Et puis la vie réserve toujours des rebondissements — comme Michael aime à le rappeler. Il y a une chute très amusante à l’histoire du whisky noir.
Retirée rapidement des rayons, la boisson a fini par acquérir un statut mythique. Des rumeurs ont circulé parmi les connaisseurs du monde entier. Ceux qui l’avaient goûtée racontaient leurs mésaventures ; ceux qui ne l’avaient pas goûtée écoutaient avec envie ou scepticisme. Les stocks s’amenuisant, les bouteilles ont pris de la valeur et sont devenues des objets de collection, revendues bien plus cher que leur prix d’origine. Aujourd’hui, le whisky noir est presque une boisson culte.
Que retenir de ce Draft ?
L’inspiration est brève, mais l’histoire est longue. C’est dans cet esprit que j’essaie, ces derniers temps, d’inviter davantage de créativité dans ma vie. C’est toujours une question d’équilibre ; on ne peut pas forcer une épiphanie ou contraindre son imagination à fonctionner. Notre esprit est un rebelle incorrigible. À la place, je m’ouvre à de nouveaux stimuli en adoptant quelques techniques qui m’aident à grandir et à évoluer de manière holistique. Voici lesquelles :
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Michael Bungay Stanier est un auteur primé, enseignant et conférencier. Il est surtout connu pour son livre The Coaching Habit (2016), qui a popularisé son approche du leadership fondé sur la curiosité auprès de millions de lecteurs. Il est fondateur et ancien CEO de Box of Crayons, une entreprise renommée de formation et développement, et intervient dans les plus grandes conférences du monde.
Tim Leberecht est co-fondateur et co-CEO de la House of Beautiful Business, un réseau dédié à l’économie centrée sur la vie. Il est l’auteur de The Business Romantic (2015), The End of Winning (2020), et du prochain Picky: How the Superpower of Curation Can Save the World (2026). Ses deux conférences TED ont été visionnées par des millions de personnes.
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